Création du tout nouveau collectif La Taille de mon âme, fondée par la comédienne et metteuse en scène Eugénie Ravon avec six acteurs – dont notre Fosséen national Philippe Gouin -, la pièce La mécanique des émotions a été écrite (par Kevin Keiss) en mêlant la fiction à des éléments s’inspirant des parcours respectifs de chacun des membres du collectif. Le spectacle s’ouvre sur le comédien-danseur-chanteur-musicien Philippe Gouin, assis derrière un piano, qui joue un mélancolique Adagio d’Albinoni. Il commence par aller chercher le public progressivement, sans avoir l’air d’y toucher, par des mimiques ponctuant son interprétation, avant de s’interrompre pour se lever et s’adresser directement à la salle. S’ensuit alors une espèce de conférence gesticulée, où il disserte sur la «note lacrymale », recette infaillible pour provoquer l’émotion, en multipliant les démonstrations pianistiques et chantées (Elton John, Gloria Gaynor ou Claude François sont par exemple au programme !). Puis il évoque l’enfance du petit Fifi de Fos, organiste à l’église de l’Hauture, auprès du Père Manu. L’histoire est authentique et les Fosséens présents parmi la centaine de spectateurs y puisent des souvenirs. Philippe Gouin évoque aussi la figure de son paternel, présent dans le public, dont il imite avec tendresse les postures et la voix. Mais la pièce brouille les pistes, alternant les passages où les comédiens parlent à la salle, presque à la façon du standup, et les scènes de fiction jouées. Elles relatent le séjour à l’hôpital d’une jeune maman atteinte d’un mal mystérieux, avec la peur de la mort et la réaction de ses proches et du corps médical pour donner de la chair à l’histoire comme à ses personnages. On est sans cesse entre le rire et les larmes, avec certaines scènes particulièrement cocasses, comme l’inénarrable souris humaine qui déboule subitement pour un numéro incroyable ! On est souvent surpris par les trouvailles de la mise en scène, des effets sonores et de la scénographie. On se laisse ainsi embarquer par ce drôle de spectacle, atypique, inventif et original, et les tonnerres d’applaudissements qui ont salué la fin de la pièce témoignent d’un public conquis. Qui a eu le plaisir, invité par la direction du Théâtre à partager un verre de cidre ou de jus de fruits, d’échanger avec la troupe des comédiens tout juste sortis de scène. Jouant sur ses terres, Philippe Gouin, après une prestation une nouvelle fois impeccable, était naturellement le plus entouré.