L’étang de l’Estomac fait partie d’un réseau de dix-sept sites aménagés en zones humides, disséminés sur l’arc méditerranéen. Les oiseaux peuvent s’y nourrir de petits crustacés et de poissons, s’y reposer et se reproduire. C’est à cette période, durant laquelle œufs et oisillons sont fragiles, qu’est opéré un comptage. Ce recensement s’inscrit dans le programme de conservation européen Life, qui vise à restaurer l’habitat des oiseaux qui nichent au sol : sterne naine, pierregarin, caugek et hansel, mais aussi mouette rieuse et mélanocéphale, goéland railleur, avocette élégante et échasse blanche : « Dans les années 80, il y avait 15 000 couples, explique Christophe Pin, garde gestionnaire de l’association de marais du Vigueirat, chargé d’évaluer leur population. Ce chiffre est tombé à 6 000, dans les années 90. Il y a plusieurs raisons. D’abord, la destruction des zones humides, ou leur mauvaise gestion. Il y a aussi la disparition des îlots de nidification. De plus, les gabians fréquentent les mêmes sites de reproduction. Agressifs, ils obligent les autres espèces à se déplacer et à se rabattre sur des coins de moindre qualité. »
À Fos, l’association Eve (Eau, vie, Environnement) est missionnée par la municipalité fosséenne pour veiller sur l’étang de l’Estomac, où sont présentes 180 espèces d’oiseaux. Pour cela, elle suit les recommandations du programme, issues d’études scientifiques. Une partie des salins a été sanctuarisée, des îlots artificiels créés, et ceux existants restaurés. Mais c’est la répartition de l’eau, assurée par le gestionnaire Franck Bardem, qui au cœur de cette démarche de préservation : « Grâce à un système hydraulique, quotidiennement, on alimente en eau les différentes zones. Ça va de deux centimètres d’eau pour permettre aux poussins de se nourrir, à cinquante pour empêcher l’intrusion des prédateurs. » On peut citer le busard, le hiboux grand-duc, le renard, le blaireau… Cette année, c’est un sanglier qui a perturbé les nids : « Cet omnivore n’est pas forcément à la recherche de ce genre de proies, explique Franck Bardem. Mais s’il tombe dessus, il les consomme. On a eu un report d’individus sur les îlots inaccessibles, pour y nicher une seconde fois. Ils s’adaptent. »
La présence humaine, quant à elle, pousse les oiseaux à abandonner leurs œufs : « Les promeneurs n’en ont pas conscience, ajoute-t-il. Je leur explique qu’il ne faut pas lâcher leur chien et s’approcher des nids. Des panneaux, placés aux quatre entrées du site, rappellent le règlement. » Ces mesures ont permis d’inverser la tendance et de retrouver un effectif pérenne de ces espèces, évaluées désormais à 20 000 couples. Le comptage finalisé, un protocole sera mis en place. A priori, les effectifs seront moindres dans notre étang (rapport au sanglier qui a fait le plein de protéines). Jusqu’en septembre, soyons vigilants sur les rives de l’Estomac. Cet automne, les oiseaux doivent prendre leur envol et entreprendre une longue migration vers l’Afrique.
L’association Eve organise des balades au coucher de soleil. Ces visites commentées sur les bords des salins de l’étang de l’Estomac sont programmées le mardi 5 et le jeudi 24 juillet ainsi que le mardi 19 août. Les rendez-vous sont fixés sur le parking des arènes, à 17 h 45.
Renseignements et inscriptions: https://www.tourisme.fossurmer.fr/