Reportage photo : Gil Bréhelin
« Le harcèlement scolaire est un sujet vraiment important : personne ne devrait subir pareille situation ! » : Nicolas Féraud, adjoint délégué à la Médiation, la Prévention et la Sécurité, a ainsi conclu le ciné-débat organisé hier à L'Odyssée par le service Citoyenneté, qui a rassemblé 116 spectateurs, essentiellement des jeunes venus de la Maison des Enfants, des Maisons de quartier et de la Maison des jeunes. Le film ayant servi de support au débat était Un Monde, premier long-métrage signé par la réalisatrice belge Laura Wandel et sélectionné lors du festival de Cannes 2021 dans la catégorie Un certain regard. Filmé à hauteur d'enfant - la jeune actrice jouant l'héroïne, Maya Vanderbeque, 9 ans à l'époque du tournage, incarne son personnage avec une grande justesse et une profonde intensité -, il relate l'histoire de Nora, qui entre en primaire et se trouve confrontée au harcèlement dont son grand frère Abel est victime. Tiraillée entre son père qui l’incite à réagir, son besoin de s’intégrer et son frère qui lui demande de garder le silence, Nora se trouve prise dans un terrible conflit de loyauté. Avant Un Monde, que le directeur du cinéma L'Odyssée, Jacques Brunie, s'est chargé de présenter brièvement, le court-métrage Trahison, entièrement réalisé par les enfants de la Maison de quartier du Mazet, a été projeté au public et très applaudi.
Briser le silence
À la suite de la projection, face à des intervenants du Centre d’informations des droits des femmes et des familles du Pays d’Arles (CIDFF), de l'Espace santé jeunes (ESJ) et de la police nationale, les enfants ont lancé le débat autour des questions qui leur sont venues en visionnant le film : « Pourquoi y-a-t-il tant de violence ? Pourquoi harcèlent-ils quelqu'un qui n'a rien fait ? Pourquoi les maîtresses n'ont pas réagi ? » Des questionnements rafraîchissants qui interrogent fondamentalement la nature humaine, auxquels il n'est pas aisé pour des adultes d'apporter des réponses satisfaisantes... « Les maîtresses n'ont pas su réagir à temps, elles n'ont pas pris la mesure de ce que l'élève harcelé vivait... Mais certaines n'ont simplement pas voulu voir ! Peut-être par lâcheté, mais aussi en croyant que les choses s'arrangeraient toutes seules... », a analysé Julia Maïnetti, informatrice sociale au CIDFF. Le psychologue de l'ESJ, Gérard Krawczyk, a mis en lumière « le sentiment de honte ressenti par l'élève harcelé » et le major de la police nationale Cyrille Tisseyre a insisté sur la gravité des actes constitutifs de harcèlement : « Ils sont punis de 3 ans de prison et 45 000 € d'amende, et les complices encourent ces mêmes peines ! En parler, ce n'est pas faire de la délation, c'est venir en aide à quelqu'un en souffrance. » Concernant les raisons qui poussent certains à devenir harceleurs - il n'est pas rare qu'ils aient été eux-mêmes harcelés au préalable -, et le choix de leurs victimes, les intervenants ont indiqué que l'on s'attaque à une personne en particulier souvent pour des motifs liés aux discriminations. « Qu'est-ce que vous connaissez comme discriminations ? », a interrogé Julia Maïnetti. Aussitôt, des mains se sont levées dans la salle pour égrainer de façon très pointue le panel : racisme, négrophobie, grossophobie, homophobie, discriminations vis-à-vis des personnes handicapées - « On appelle ça le validisme », a précisé l'informatrice sociale -, discriminations à l'encontre des personnes pauvres... Les jeunes Fosséens étaient incollables ! L'ensemble des acteurs du domaine de l'éducation à la citoyenneté de Fos-sur-Mer peut mesurer le travail accompli auprès de nos enfants, bien conscients des injustices qui sévissent dans notre société, avec la volonté sincère et idéaliste de les éradiquer. À commencer par les phénomènes de harcèlement : le message qu'il faut absolument, qu'on soit victime ou témoin, en parler à un adulte, pour donner l'alerte, est passé à merveille parmi les participants à ce ciné-débat.
À voir ci-dessous, le replay Live TikTok du débat après la projection du film.
REPLAY #LIVETIKTOK - Les jeunes Fosséens sensibilisés au harcèlement scolaire.
