L’association Les Amis du vieux Fos a organisé une cérémonie fin novembre à la Maison de la mer pour honorer Marcel Reyne, plus ancien instituteur de Fos-sur-Mer, qui a vu défiler dans sa classe plusieurs générations de petits fosséens, dont un certain… Michel Leroy, président des Amis du vieux Fos.
« Je me souviendrai toujours de sa gentillesse », a commenté ce dernier. Et le maire d’interroger, avant de décerner à Marcel Reyne la médaille de la ville, qui honore ses citoyens remarquables : « Combien de jeunes esprits avez-vous ouverts au questionnement, au goût de l’effort et du savoir ? Combien de parcours scolaires entamés brillamment sous votre impulsion ? Vous êtes resté dans la mémoire et le cœur de ceux qui ont appris de vous. »
L’ancien instituteur, aujourd’hui âgé de 88 ans, nous a confié, modeste : « Je suis étonné qu’on ait tant de sollicitude pour moi ; je suis un personnage tout à fait courant. » Et quand on lui objecte qu’il est tout de même bien connu à Fos-sur-Mer, il concède : « C’est vrai que j’ai vu passer beaucoup de jeunes fosséens pendant 30 ans d’enseignement ».
UN MUR ENTRE FILLES ET GARÇONS
Le parcours de Marcel Reyne, Ardéchois d’origine, passe par 4 ans à l’École normale d’Aix-en-Provence, pour apprendre le métier d’instituteur, puis le service militaire à la prestigieuse école d’officiers de Saumur, au grade de sous-lieutenant de cavalerie. « J’aimais la discipline », confie-t-il. Il la fera bientôt régner parmi ses élèves : « J’étais sévère, je vous assure que ça ne bougeait pas dans mes classes ! ».
Son tout premier poste en tant que titulaire devait l’envoyer à Pioch Badet, hameau perdu du côté des Saintes-Maries-de-la-Mer, avec un vague bâtiment vétuste en guise d’école. Hasard de la vie, à 15 jours de la rentrée, on l’informe qu’il enseignera finalement à Mouriès, « où j’ai rencontré mon épouse, la fille de mon directeur ». Il demande ensuite à venir officier à Fos, « pour la plage et les filles en bikini ! », plaisante-t-il.
Le voilà donc, en 1954, instituteur à l’école Joseph Roumanille - qui n’existe plus aujourd’hui (voir ci-dessous). « C’était l’époque de la plume sergent-major », rappelle le maire. L’école n’est pas mixte et un mur dans la cour de récréation sépare les filles des garçons. Dans les années 60, la mixité est instaurée : « Ça n’a jamais posé de problème », précise Marcel Reyne. Il connaît aussi l’afflux soudain de population lié à la construction de la Zone industrialo-portuaire : « Il y avait un flot de camions toute la journée devant les fenêtres de l’école, se souvient-il. Les classes étaient surchargées de plus de 30 enfants. La mairie a ouvert une école dans la Crau, à la Feuillane, et une autre aux Carabins. Et finalement, tout ça s’est réglé assez facilement. »
Après Roumanille, le maître d’école enseigne aux Carabins et enfin à Jean-Giono, dont il est le directeur au moment de sa retraite, en 1986. «Je me suis régalé, j’ai passé de très bons moments avec les enfants, retient-il de sa carrière. Je leur ai fait faire beaucoup de sport - j’avais monté une équipe de volley et nous finissions toujours 2e des Bouches-du-Rhône - et j’aimais aussi utiliser des dessins pour mes cours (je peins), même en mathématiques : ça passionnait les enfants. » D’après des témoignages concordants, malgré sa sévérité, Marcel Reyne était adoré de ses élèves. Il aura ainsi laissé une profonde trace dans la mémoire collective de la ville. Merci, Monsieur l’instituteur !
De l’école Roumanille à la Maison de l’emploi
![]() | Qui était Joseph Roumanille (1818-1891), qui a donné son nom à l’école ? Un écrivain et éditeur provençal, co-fondateur du Félibrige, dont il fut le 2e capoulié - celui qui préside -, après Frédéric Mistral. Construite en 1912, elle est réquisitionnée par les Allemands en 1942 et ses élèves retrouvent leurs locaux à leur départ, pour la rentrée 1945. Le bâtiment change d’affectation en 1985, 5 ans après la fin des travaux de l’école Jean-Giono (détruite pour vétusté puis reconstruite), pour être mise à la disposition d’associations. En 2005 enfin, elle devient Maison de l’emploi, ce qu’elle est toujours aujourd’hui. |