Ils roulent depuis un peu plus de deux semaines sur les petites routes du sud de la France, à destination de la Mer Noire, bordée entre autres pays par la Turquie et la Bulgarie. Bravant les rafales du Mistral qui lundi, balayait la plaine de la Crau et la petite Camargue, Marilyn, Tistou, Magda, Odilon et Emile ont fait étape à Fos-sur-Mer. Fatigués par la lutte contre les éléments naturels et la prudence à avoir face aux dangers de la départementale entre Port-Saint-Louis-du-Rhône et Fos-sur-Mer, ils ont été spontanément accueillis par la famille Pian de l’association Happy Horse, qui les a rencontrés sur le parking d’un supermarché local.
Marilyn et Tistou ont décidé de larguer les amarres de leur vie toulousaine, en compagnie de leurs trois enfants – Magda (10 ans), Odilon (7 ans) et Emile (2 ans) – pendant six mois. « Une envie de faire une pause dans notre quotidien, de passer vraiment du temps ensemble en partageant des moments privilégiés, du temps aussi pour réfléchir à notre vie, à la manière dont nous voulons la construire », sont autant de raisons qui ont motivé leur décision, largement réfléchie. « C’est un projet que nous préparons depuis longtemps. Nous sommes déjà habitués à passer des vacances en voyageant à vélo. Nous avons ainsi découvert le canal du midi, les Landes, le Portugal, l’Allemagne à travers des voies cyclables. Dans des festivals, des salons, nous avons rencontré de nombreuses personnes qui ont vécu un projet similaire au nôtre. Cela nous a permis de bien nous préparer et de tenter l’aventure ». Celle-ci consiste à rejoindre la Mer Noire en six mois. « Nous allons prendre un bateau à Toulon qui nous emmènera en Sardaigne. De là, nous irons vers Rome. Nous redescendrons ensuite toute l’Italie, avec l’idée de faire une pause dans une ferme pour trois semaines de wwofing [loger gratuitement dans une ferme en échange de quelques heures de travail quotidien, ndlr]. Nous traverserons alors la Mer Adriatique pour rejoindre la Grèce. Nous n’avons pas encore arrêté définitivement l’exacte destination finale de notre voyage. Tout dépendra… Nous nous laissons aussi une marge de liberté, en fonction de ce que nous vivrons en route ».
En glissant cette belle aventure, entre mars et août, il n’a pas été nécessaire de déscolariser les enfants. « Les professeurs des enfants ont été emballés par notre projet, argumentant que « pour un enfant qui voyage, c’est toute une classe qui voyage ». L’envoi des devoirs a été planifié avec l’école, des échanges réguliers sont organisés. Magda envoie des messages, des photos… ». Elle tient aussi un carnet de voyage, dans lequel elle écrit ses ressentis, elle dessine. Une promesse de souvenirs à partager…
Chaque membre de la famille a un vélo sauf Emile, qui du haut de ses deux ans, voyage dans la carriole attelée au vélo de son père. Tistou a préparé chaque vélo, qui est ainsi unique et adapté. « Le plus souvent, j’ai seulement gardé le cadre d’origine, explique-t-il. Sinon, tout a été changé et amélioré. Notamment le système des vitesses. Pour mieux aborder les côtes, avec les enfants, il était important que les vélos aient des vitesses les plus basses possibles ». Partir ainsi sur les routes a aussi nécessité une réflexion sur ce qui fait l’essentiel de la vie. Que doit-on emporter ? Que peut-on laisser ? « Cela fait beaucoup réfléchir, et on se rend vite compte qu’en fait, on n’a besoin de très peu, souligne Marilyn. Pour ma part, j’ai emporté de quoi dessiner et une liseuse ». Tistou a pris un appareil photo et deux objectifs, Magda a une liseuse et un Mp3. Odilon aussi est équipé pour écouter de la musique. Tous les objets personnels sont ainsi logés dans une petite sacoche à l’avant du vélo. Chacun porte son matelas, son sac de couchages, ses vêtements. La famille est équipée pour être totalement autonome : tente, réchaud, matériel de cuisine… Tout en appréciant les étapes chez des copains ou des personnes hospitalières rencontrées grâce au hasard heureux de la vie.
Et gageons que ces rencontres impromptues seront nombreuses et riches en découvertes humaines. Cette famille qui se fait nomade pendant quelques mois, dégage une merveilleuse et douce énergie, remplie de sympathie et d’ouverture au monde. Leur aventure est vivifiante et inspirante. Les croiser est un bonheur à lui seul. Quelle chance d’être une étape sur leur route pour avoir la chance de les rencontrer…