PETITE LESLIE ET GROS CAMION

 

Leslie Wauters, 25 ans, a débuté sa vie professionnelle par du secrétariat, après un bac pro en comptabilité, mais « rester dans un bureau ne me plaisait pas trop. Comme j’ai toujours aimé conduire et que je suis quelqu’un de solitaire, j’ai eu envie d’être conductrice de poids lourd. Je suis allée voir la Mission locale et ils m’ont inscrite pour passer le permis C, sans que cela ne me coûte rien.

Dès que je l’ai eu, j’ai trouvé du travail tout de suite. J’aime le fait d’être seule, livrée à moi-même, et que les journées ne se ressemblent pas. Le salaire est intéressant également. Là, je suis en attente d’une date pour passer le permis super lourd. C’est vrai que je mesure 1 mètre moins 20 (sic), mais il y a la boîte automatique, la direction assistée… Je peux tourner le volant d’une seule main ! »

 

 

JENNIFER, GRISÉE PAR LA DÉMESURE

 

Depuis août 2019, Jennifer Leccia occupe le poste de technicienne d’exploitation au secteur Préparation des charges d’ArcelorMittal, le premier maillon de la chaîne du processus de fabrication. Âgée de 42 ans, cette Fosséenne était partie dans l’Aveyron à 18 ans et y était employée comme manager dans la restauration rapide, avant que le mal du pays ne lui donne envie, il y a cinq ans, de « rentrer à la maison ». 

En recherche d’une reconversion professionnelle, elle s’oriente vers le Plie (Plan local pluriannuel pour l’insertion et l’emploi) à la Maison de l’emploi, qui lui propose une formation en alternance au sein de l’entreprise métallurgique. Un an plus tard, la voilà diplômée du Certificat de qualification paritaire de la métallurgie. Elle rempile alors chez Arcelor en intérim pendant 5 mois, avant de signer son CDI. « Je travaille sur le terrain ; je dois garantir la fiabilité des installations, explique-t-elle. Je veille sur les défauts électriques ou mécaniques, en lien avec les services concernés. Il faut être en vigilance permanente. Le travail est varié et je ne sais jamais à l’avance ce que je vais avoir à faire. Parfois je procède à des nettoyages, à la lance à incendie ou à la pelle, et je conduis aussi les machines du parc, des engins gigantesques ! J’adore ça, je leur parle… Certains jours, la tâche est assez physique : on marche beaucoup, on porte des poids, on travaille parfois en hauteur… En tant que femme, ce poste me permet le dépassement, ce que j’adore, c’est dans ma nature. C’est une fierté de pouvoir faire un travail dit d’homme. Dans cet univers de démesure, on se sent grisé. J’aime aussi le travail en équipe, très enrichissant : on apprend de tout le monde, avec des personnes très diverses (origines, religions, femmes et hommes, personnes handicapées…). Je m’éclate ! »

 

 

SABRINA VEILLE SUR LA SÉCURITÉ

À 56 ans, est-ce mission impossible de trouver un emploi ? Pas pour Sabrina Accisano, récemment reconvertie de la restauration aux métiers de la sécurité. « J’étais dans la restauration depuis l’âge de 17 ans, précise-t-elle. C’est un métier que j’adore mais il est très physique et stressant. » Pour changer de voie, le Plie lui a apporté une aide déterminante : « Ils orientent vraiment très bien les gens, sans leur mettre un excès de pression. Ils nous font faire des immersions en entreprises pour voir vraiment comment ça se passe de l’intérieur. J’en ai faite une chez Fluxel et j’ai pu discuter avec des agents de sécurité en poste, qui m’ont parlé de leur expérience. C’est ce qui m’a décidé de me lancer dans cette voie. »

Ça tombait bien : Sabrina avait justement fait il y a trois ans une formation en sûreté et sécurité incendie. Embauchée en CDI par Sécuritas il y a 6 mois, elle est en poste chez Dassault aviation et ravie de son emploi. « Les métiers de la sécurité évoluent et les entreprises font de plus en plus confiance à des femmes, observe-t-elle. Pour leur sérieux, entre autres. Mais aujourd’hui, il ne faut pas regarder ce qui est soi-disant un métier d’homme ou de femme mais se bouger et aller où il y a du travail… et un bon salaire. »

 

SABRINA VOUS TRANSPORTE

 

Âgée de 44 ans et native de Poitiers, Sabrina Madonna y exerçait déjà le métier de conductrice de bus, durant dix ans, auxquels s’ajoutent désormais dix autres années à Fos. « J’ai la passion de conduire, confesse-t-elle. Il faut aimer aussi discuter avec les gens, les renseigner... Moi, j’ai le contact facile, je suis très sociable, j’ai toujours le sourire. Je me suis même fait des amis dans le bus ! Il y a beaucoup d’habitués qu’on voit tous les jours. L’été, quand je vais à la plage, on me reconnaît : "C’est la dame du bus !" J’aime conduire ce gros engin, qui fait douze mètres. Je m’y sens en sécurité. Et c’est moi la patronne ! »